Agostino est impressionné par la force des cholitas. Il raconte:

« La femme bolivienne est vraiment une force de la nature. J’avais la conception que dans ce pays, que j’imaginais fortement chrétien, les divorces n’étaient pas si fréquent. Mais en enquêtant à droite et à gauche, j’ai rencontré pas mal de femmes qui, même avec 2 ou 3 enfants à charge, ont envoyé balader leur compagnon. Dans une société fortement machiste, où les hommes ont parfois tendance à abuser de l’alcool et à devenir irascibles et violents, la vie de couple n’est pas toujours facile. Mais jusqu’à il y a quelques années aucune femme ne songeait à prendre une décision qui était contre les mœurs. Faute d’une indépendance économique et du poids de la société, elles subissaient en silence les violences et les trahisons du compagnon. Les couples continuent de se marier très tôt et les disparités de sexe sont encore présentes mais les femmes ont commencé à s’émanciper. Elles sont autonomes financièrement, et dans les ménages modestes la principale entrée d’argent est bien souvent le fruit du travail de ces cholitas. Il ne s’agit pas seulement de taches ménagères ou de petits commerces informels dans la rue mais de travaux difficiles comme de travailler sur des chantiers et de transporter du matériel très lourd.  Je me demande où ces femmes grassouillettes trouvent cette énergie à 4000 mètres d’altitude…peut-être des feuilles de coca qu’elles mâchent à longueur de journée ? ».

« Bien sur, dans les milieux ruraux cette émancipation tarde à arriver, et les femmes du « campo » subissent encore les règles machistes. Mais au fond, si je repense au femmes boliviennes que je suis en train de suivre en Suisse, elles ont un sacré caractère pour laisser au pays leur mari soi disant malade, leur envoyer de l’argent  durement gagné et, peut-être, finir par se séparer et essayer de se refaire une existence.