Cela faisait 15 ans qu’Ago n’était pas retourné à Pristina, et les choses ont bien changées. La route de Pristina à Fushë Kosovë autrefois bordée de champs et de vieilles maisons en ruines traverse maintenant une banlieue constituée de grands bâtiments et de concessionnaires en tout genre. A croire que le pays s’est développé.

Mais ces changements ne sont qu’apparence.

Les investissements soutenant des productions locales manquent, et l’origine des capitaux injectés n’est pas toujours très claire. Certains pensent que cela vient de maffias, d’affaires sales, ou de la diaspora Kosovar mais une chose est sûre: pour les jeunes il n’y a qu’une solution, celle de partir à l’étranger.

Il est vrai que si l’on s’intéresse de près aux minorités, notamment aux Ashkali, la situation est catastrophique. Entre le chômage, la marginalisation, le désespoir, les familles vivotent grâce à quelques boulots quotidiens tels que la récolte de plastiques. Les gens sont souriants mais restent méfiants. Craignent-ils des représailles ou est-ce simplement le signe d’une fatigue et d’une désillusion destinée à perdurer ?