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La jeunesse paceña (de La Paz) suit avec entrain tout sorte de cours universitaires, que cela soit dans le privé -pour y accéder il suffit alors de payer- ou dans le publique où l’accès se fait au travers d’un examen. Ceux qui peuvent se le permettre préfèrent souvent s’inscrire dans les structures privées. Dans le publique les enseignants ne sont pas toujours présents: leurs salaires ne sont selon eux pas à la hauteur de leurs prestations et qualifications, et entre ces absences, les grèves et le manque de matériel les programmes ne sont pas bien développés. Aussi, le peu d’entreprises qui embauchent tendent à recruter à la sortie de cursus privé. A tort, soutien José. Lui qui fréquente la fac publique de chimie, estime que le secteur publique accueil des jeunes qui viennent de familles modestes, et ils ont bien souvent une grande volonté de s’en sortir et se dédient à leurs études avec passion. Ce sont de bons étudiants et de vrais professionnels encore plus motivés que leurs collègues du privé qui se contentent bien souvent de suivre les cours parce qu’ils les ont payés…parfois très cher.
Mais en général, dans les deux cas, cette jeunesse guette une chance de partir à l’étranger surtout pour pouvoir se spécialiser. Ils considèrent que leurs niveaux n’est pas très élevé et que quelques années passées en Europe ou aux Etas Unis, ou encore à Cuba, en Argentine ou au Brésil, pourrait leur donner une meilleure qualification. Surtout dans la perspective de rentrer au pays pour aider à son « desarrollo », son développement.
En tout cas beaucoup d’entre eux sont confiants, et l’époque de la grande migration bolivienne vers d’autres pays semble derrière eux. Le futur est prometteur.
Ago raconte:
“Je viens de rencontrer Jeanet il y a quelques jours, une vielle amie de Dorkas. Jeanet m’a donné rendez-vous sur une place sordide près du stade…puis on est allés discuter dans un « pollo broaster », une sorte de fast food du poulet frit, un de ces lieux qui te colle une odeur nauséabonde d’huile pendant plusieurs jours.”
“Jeanet est une femme très brillante qui a fait des études de secrétariat à l’école américaine. Un institut semi privé qui donne une meilleure formation et plus de chances d’embauches. Comme Dorkas, du reste. Mais le chemin des deux s’est séparé. Jeanet a eu la possibilité de rester travailler en Bolivie et d’obtenir plusieurs postes comme secrétaire, comme celui à la VARIG, la ligne d’aviation brésilienne désormais enterrée. Dorkas a perdu son travail à la cinquantaine avec peu d’espoir de se faire embaucher à nouveau…elle s’envole donc pour la Suisse.”
“Le bruits des friteuses est insupportable…pour les prochaines fois je propose à Jeanet de se rencontrer ailleurs. Elle m’invite chez elle dans le sud de La Paz. Quelques jours après je prends un taxi et je découvre une maison et son jardin bien entretenu, avec un mur et barbelé de sécurité, des meubles un peu “bourgeois”. Une maison de classe moyenne aisée …une classe qu’on pensait aujourd’hui avoir disparue…mais alors ????”
“Je découvre que tout cela, c’est le fruit d’un père entrepreneur qui dans le passé avait à son service un vaste personnel composé d’ “indios”. Le fruit du travail de son frère, un fonctionnaire de l’ONU qui a voyagé partout dans le monde et qui vit désormais en France avec toute sa famille. Tout cela est somme toute bien loin de la réalité bolivienne. On discute de tout et de rien mais une chose est certaine: selon Jeanet le futur professionnel des boliviens n’est pas dans leur pays. La plupart des jeunes bien formés qui vont rester seront certainement obligés de gagner leurs croûtes en se mettant à vendre n’importe quelle denrée dans les marchés ou, ils pourront, avec un peu de chance, se convertir en chauffeur de taxi. La faute à la corruption, à un népotisme évident, et au manque d’emploi”.
Ariel et Diego font partie de la classe moyenne argentine qui vit à Buenos Aires. Ariel à 24 ans, il n’a pas encore terminé ses études d’école secondaire et ses idées pour le futur sont plutôt vagues vu la situation instable. Bien sur, il nous parle de la crise économique qu’il connait depuis toujours, de la hausse des prix, de l’insécurité et de la corruption, thématiques qui retournent toujours à la surface dans toutes les discussions. Il aimerait bien travailler dans la restauration. Passionné d’informatique, il apprend en autodidacte pour avancer. Pour le moment, le seul et premier job qu’il a obtenu (et comme il le souligne, déclaré) est celui de nettoyage et d’homme à tout faire. Il travaille de 8 heures à 12 heures chaque jour. Payé un minimum, bien sur …mais il habite avec sa mère dans une maisonnette correcte.
Son meilleur ami Diego, (a droite), a lui aussi 24 ans, vit avec sa famille et grâce aux ressources de celle-ci. Il a quant à lui terminé l’école secondaire technique mais depuis longtemps “attend “, comme Godot, un travail. Il nous parle de vivre “dia pro dia” sans faire de programmes, parce que ses projets ne se realisent pas. Agostino craint que la frustration ne finisse par le tuer…