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Voici l’ histoire de de Dorkas
cette femme bolivienne arrivée en Suisse il y a plus de seize ans a toujours travaillé pour soutenir ses trois filles restées à La Paz. C’est grâce a son sacrifice que ses petits enfants
ont pu être scolarisés :les revenus de leurs parents étaient très faibles et pouvaient à peine
soutenir leur familles respectives. Cette mission si importante lui a donné le courage et la force
de résister et faire face à toutes les difficultés et les discriminations subies par une femme seule
et sans papiers : l’incertitude et la précarité du travail, des salaires bien plus bas de ceux prévus
par la loi, l’impossibilité d’avoir un bail locatif au propre nom et avoir accès aux soins
médicaux en cas de maladie. Malgré des moments durs, Dorkas a toujours réussi à remonter la
pente, et son énergie l’a amené entre autres à devenir militante et à s’exposer pour la cause des
sans papiers. Aujourd’hui elle est convaincue que la Suisse est consciente de la chance d’avoir
des milliers de travailleurs et travailleuses irréguliers, qui ont permis un « équilibre » social à
bon marché aux familles dont les parents étaient occupés à des taches externes. Le pays a,
selon elle, aussi compris que régulariser ces personnes signifie donner en contrepartie, investir
sur une génération future et aussi bénéficier des entrées des impôts, AVS etc. Une fois
l’étranger stabilisé, il y aura davantage tendance à s’investir et réinvestir ce gain dans le pays
dans lequel il habite. Pour ces raisons, et poussée par l’opération Papyrus de régularisation,
Dorkas a décidé de tenter sa chance et déposer son dossier pour sortir de l’anonymat. Mais elle
est bien consciente que beaucoup d’années sont passée depuis son arrivé et que son âge ne
facilitera pas sa régularisation.
Ariel et Diego font partie de la classe moyenne argentine qui vit à Buenos Aires. Ariel à 24 ans, il n’a pas encore terminé ses études d’école secondaire et ses idées pour le futur sont plutôt vagues vu la situation instable. Bien sur, il nous parle de la crise économique qu’il connait depuis toujours, de la hausse des prix, de l’insécurité et de la corruption, thématiques qui retournent toujours à la surface dans toutes les discussions. Il aimerait bien travailler dans la restauration. Passionné d’informatique, il apprend en autodidacte pour avancer. Pour le moment, le seul et premier job qu’il a obtenu (et comme il le souligne, déclaré) est celui de nettoyage et d’homme à tout faire. Il travaille de 8 heures à 12 heures chaque jour. Payé un minimum, bien sur …mais il habite avec sa mère dans une maisonnette correcte.
Son meilleur ami Diego, (a droite), a lui aussi 24 ans, vit avec sa famille et grâce aux ressources de celle-ci. Il a quant à lui terminé l’école secondaire technique mais depuis longtemps “attend “, comme Godot, un travail. Il nous parle de vivre “dia pro dia” sans faire de programmes, parce que ses projets ne se realisent pas. Agostino craint que la frustration ne finisse par le tuer…
Rama prépare le Burek.
Rama a trouvé un emploi stable dans une boulangerie – pâtisserie spécialisée en nourriture des Balkans. Et le propriétaire était ravi d’avoir enfin trouvé quelqu’un du métier. Après un premier jour de test de la nouvelle recette, Rama en cuisait une vingtaine par jour avant de les vendre dès leurs sorties du four. Mais encore une fois, il s’est confronté avec la réglementation suisse. Une semaine après avoir été embauché, le propriétaire de la boulangerie lui a annoncé que sans l’autorisation de l’ODM, il ne pouvait pas prendre le risque de le faire travailler. Le propriétaire a donc fait une demande d’autorisation pour son précieux employé et il ne reste à Rama qu’a attendre et espérer que cette fois ici l’autorité lui laisse la possibilité de s’occuper, de gagner un salaire minimum et de sortir de sa dépendance envers l’aide sociale.
Pour ceux qui n’ont pas voyagé dans les Balkans, les bureks sont des pâtisseries salées originaires de l’Empire Byzantin. Dans les Balkans, les serbes, les bulgares et les grecs les préparaient depuis le moyen-âge. Les turcs ottomans nomade des steppes d’Asie ont adopté la cuisine byzantine, et l’ont popularisé dans tout le bassin méditerranéen. Les bureks sont fourrés avec du fromage, des épinards, de la viande hachée, et évidemment sans porc pour les populations musulmanes.
Guilain et ses conférences.
Désormais bien installé à Lausanne dans un appartement tout près de la Gare, notre ami congolais peut montrer ses capacités et ses compétences grâce aux nombreuses conférences et cours qu’il donne à l’UNIL et à l’institut des études politiques internationales. Sa carrière académique semble bien évoluer. Sa femme et Gianni, son enfant, ont déjà reçu tous les papiers et permis nécessaires pour avoir une position stable en Suisse. Ce qui n’est pas son cas à lui, et cela lui semble un peu absurde. En tout cas grâce à son emploi il a pu abandonner son bulot au Mac Do, boulot qui à aussitôt été récupéré par sa femme. Le petit Gianni a trouvé sa place à l’école maternelle et la famille semble désormais bien établie…sauf imprévus…
Lors de la conférence que nous avions organisé à l’UNIGE en partenariat avec le groupe Amnesty International de l’uni ( voir des extrait sur ces mêmes activités ) il nous a parlé entre autre de sa grande chance par rapport à d’autres immigrés qui proviennent de réalités tellement différentes et variées.
Claudio trouve un appartement à Vallorbe.
Notre Argentin a enfin décidé de faire venir sa femme et ses 2 enfants en Suisse.
Ou mieux, il est aller les chercher en Espagne, dans le Sud, à Cartagène. Il a loué une camionnette pour se rendre là-bas, charger ses affaires, et « rentrer » avec toute la famille en Suisse. Juste quelques milliers de kms, plusieurs jours de voyage mais bien plus économique que payer des billets d’avion et un transporteur pour ses cartons. La situation en Espagne ne semble pas s’améliorer, et la famille Perez a décidé de quitter définitivement leur « nouvelle patrie » comme Claudio nous l’avait définie. Tous ensemble ils habitent dans un appartement à Vallorbe, bien moins chère que Lausanne ou Genève. Hortensia, sa femme, a vite récupéré les heures de travail de Claudio dans le restaurant, c’est pas grand chose mais en attente de mieux….Claudio transporte maintenant des pièces détachées de voitures Renault dans les concessionnaires genevoises, et les 2 enfants se sont vite adaptés à la nouvelle vie en Suisse et à leur nouvelle école…à suivre
Un Monde Migrant intègre un personnage de plus dans son projet. Jusqu’à maintenant nous suivions les parcours de Guilain, Claudio et Rama. A présent nous suivrons également celui d’une famille bolivienne. Ici, le cas est un peu particulier: cette famille est sans papier. Nous avons promis de garder l’anonymat, même si nous savons que cette situation est loin d’être exceptionnelle à Genève.
La mère, aujourd’hui séparée, vie en suisse depuis une dizaine d’année et a toujours travaillé pour aider sa famille. Ses deux enfants l’ont rejoint et ils surmontent ensemble la peur et les difficultés de tous les jours. Les enfants ont réussi à prendre des cours dans une école privée pour pouvoir s’inscrire à l’école. Ils sont à présent très bien intégrés et sont devenus de “vrais suisses” à en croire leur parcours et leur ambitions.
Cela nous fait immédiatement penser à cette femme marocaine qui a vécue la même situation pendant plus de 20 ans. Sa situation a fini par être régularisée, ce qui lui a également donné le droit de retourner dans son pays…mais après 20 ans, à quoi bon ?
La dernière fois qu’Ago a rencontré Rama, c’était à un barbecue devant les pistes de l’ aéroport… “ce jour la Rama souriait…je ne sais pas pourquoi mais il était tranquille et actif…”
Ce n’est pas toujours ainsi. La plupart des fois qu’Ago le rencontre la discussion est lourde, l’ambiance plombée. Depuis que sa femme a fait une deuxième tentative de suicide, les choses ont dégénérées à l’exception de ses filles qui sont brillantes et bien intégrées. Elles parlent très bien français. Rama a lui abandonné ses cours mais dit qu’il va s’y remettre dès que sa femme sera rétablie.
Le patron de l’entreprise de ménage dans laquelle il a postulé ne veut toujours pas l’engager tant qu’il n’aura pas de permis de travail. Le bureau de la migration continue de le lui refuser et sa situation reste en attente. Une situation d’incertitude bien difficile à vivre pour lui et sa famille.
Claudio s’exprime maintenant correctement en français grâce à ses cours de langue privés. En effet, impossible pour lui de suivre les cours gratuits de l’espace Mozaik à cause de ses horaires de travail.
Claudio est plutôt content, il a fini par trouver du travail dans un charmant petit restaurant du centre ville de Lausanne. Tout se passe bien: il a de bonnes relations avec ses collègues et le patron se montre aimable et compréhensif quant à ses horaires. Claudio continue d’apprendre le français et rejoint son cours dès qu’il finit son service, à 15h. L’école n’a pas voulu qu’Ago filme ou prenne des photos. Il les soupçonne de se faire du bénéfice sur le dos des migrants qui ne reçoivent aucune factures ni reçus.
Claudio avance et avec sa maîtrise grandissante du français il y a des chances que de nouvelles portes s’ouvriront à lui. Il pourra alors postuler pour un autre travail que la plonge et élargir son entourage.
Beaucoup de choses se sont passées pour Guilain, qui vit maintenant à Vallorbe.
Après 6 mois d’attente il a enfin reçu une prolongation pour son permis de séjour, bien que cela ne soit que pour 3 mois. D’autres démarches seront surement à faire s’il veut pouvoir finir son doctorat prévu pour fin 2016. Par ailleurs, l’université de Lausanne lui a donné un contrat de 18 mois comme chargé de cours et Guilain n’est plus obligé de travailler à McDo.
Guilain commente : “Avec le temps on fini par comprendre le contexte dans lequel on évolue et on développe des stratégies pour faire face aux contraintes qu’on trouve sur notre passage…..Je ne pense pas d’avoir été agressif envers la Suisse…mais je parlais des choses telles que je le voyais et je les vivais…”
Récemment, dans le cadre de sa recherche, Guilain est reparti au Congo pour récolter des données indispensables à sa thèse. Un travail qui ne plait visiblement pas aux autorités de son pays puisqu’il à été arrêté par le service des renseignements présidentiels. Ce service -le service Détection des Activités Militaires Anti-Patrie (DEMIAP)- est par ailleurs réputé dans les violations massives des droits humains.
Il est relâché, on cherche à l’arrêter à nouveau mais il finit de justesse à sauver sa peau et ses données. Cet incident vient sans doute signer une longue période de rupture ente lui et le Congo.
Rama est encore au foyer et son statut reste gelé du fait de l’état psychique de sa femme. On lui a retiré le permis N et il est passé par des moments très difficiles du à la mort de son père resté au Kosovo.
Il a cependant récemment trouvé un travail dans une entreprise de nettoyage, mais… ne peux pas commencer tant que Berne et l’état de Genève ne permettent pas à l’entreprise de l’embaucher. A suivre !